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La discrimination à l’encontre des PS, un frein à la riposte au VIH en Haïti

Maryse*, 25 ans, originaire de la ville Miragoâne, dans le département des Nippes, fait le commerce de charme pour subvenir à ses besoins. Si nombre d’entre nous craignent naturellement d’aller à l’hôpital, pour cette professionnelle du sexe (PS), cette appréhension n’a rien d’irrationnel. Rien qu’à entendre le mot « hôpital » fait remonter les souvenirs d’une expérience très douloureuse.



Grièvement blessée à la suite de l’agression d’un client violent, conduite à un hôpital de sa ville natale, Maryse s’est heurtée au refus du personnel soignant. Le prétexte : C’est une PS. N’était-ce l’intervention de l’une des membres de l’association Solidarité féministe pour une nouvelle émergence (SOFENOE), la victime partirait bredouille. « En dépit de la prise en charge, ils n’arrêtaient pas de l’insulter », a souligné Louise Augusta Moïse Millien, présidente de SOFENOE.


Le cas de Maryse est un parmi tant d’autres qui se produit au quotidien à l’échelle du pays, à en croire les organisations de défense de droits humains. Injure. Torture. Humiliation. Stigmatisation. Discrimination. Le quotidien des professionnels du sexe en Haïti n’est pas chose facile. Ils sont souvent victimes de violence physique et psychologique, regrette Mme Millien.


Ce genre de situation, notamment la discrimination et la stigmatisation à l’égard des PS, est d’autant plus grave qu’elle contribue à les garder loin des structures de prise en charge. Ce qui constitue un énorme frein à la lutte contre le VIH dans le pays.


Les données statistiques officielles montrent que le niveau du taux de prévalence du VIH/sida chez les PS est quatre fois plus élevé par rapport au reste de la population haïtienne (8,7 % pour les PS contre 2% pour la population générale). Ces données publiées dans le dernier rapport de l’Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUS VI) prouvent une fois de plus la nécessité d’accompagner ce secteur.


Pour la patronne de SOFENOE, la discrimination et la stigmatisation à l’encontre des PS sont lourdes de conséquences. « Cette situation est si grave qu’elle pousse la majorité des PS à rester dans l’ombre au lieu de se rendre à un centre de prise en charge pour faire un test de dépistage du VIH », fait-elle remarquer.


Mme Millien rappelle que les PS constituent une frange importante des populations-clés. « La lutte pour l’éradication nationale du VIH/Sida doit également prendre en compte leurs besoins. Il leur faut avoir accès aux soins de santé et à la justice », crie-t-elle haut et fort. Cependant, les PS semblent être relayés au second plan, constate la présidente de SOFENOE, l’amertume dans la voix.


Fondée en mars 2015 par Louise Augusta Moïse Millien, Erline Pierre-Louis et Marie Nicole Dumercy Lapierre, la SOFENOE est une organisation nationale à but non-lucratif œuvrant dans la défense des droits des femmes, particulièrement les PS.


Maryse est un nom d’emprunt


Marie Juliane DAVID

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Qui sommes-nous?

L'Observatoire communautaire sur les services VIH en Haïti (OCSEVIH), créé le 10 décembre 2020, est un projet financé par le PEPFAR et le Fond Mondial. Il est mis en œuvre suivant une approche basée sur le Community Led Monitoring (CLM) en anglais ou la Surveillance dirigée par la communauté (SDC) en français.

En effet, à travers la SDC, l’OCSEVIH se concentre sur la collecte de données quantitatives et qualitatives par le biais de diverses méthodes qui révèlent les idées des communautés sur les problèmes de qualité des services de santé aux niveaux de l'établissement, de la communauté, sous-national et national.

En termes d’objectif, l’OCSEVIH vise à donner aux communautés les moyens de surveiller la qualité de la prestation de services liés au VIH/sida et de résoudre les problèmes identifiés. Avec la SDC, l’OCSEVIH dispose d’une stratégie indispensable pour améliorer la riposte au VIH/SIDA en Haïti et permettre à toutes les personnes vivant avec le VIH de vivre une vie saine et digne.

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