L'ODELPA mobilise la jeunesse contre la cyberviolence
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Dans la salle de conférence de l’Organisation de Développement et de Lutte contre la Pauvreté (ODELPA), à Delmas, une trentaine de jeunes se sont réunis ce vendredi 12 décembre 2025 pour prendre part à une séance de sensibilisation axée sur les violences numériques. L’activité, organisée sous le thème « Jèn kont vyolans nimerik », intervient dans un contexte préoccupant où les chiffres disponibles illustrent la vulnérabilité de cette génération face à l’essor fulgurant des réseaux sociaux dans le pays. Cette initiative avait pour objectif de contribuer à la prévention de cette forme de violence et à la promotion d’un changement de comportement chez cette catégorie, particulièrement les jeunes hommes.
Cette séance a été assurée par Myriame François, assistante sociale, et Robens Doly, psychologue. Dans leurs interventions, ils ont déroulé le fil des violences en ligne, allant des insultes aux menaces, en passant par la diffusion non consentie de photos ou de vidéos. Les discussions ont également porté sur les moyens de se protéger et de signaler les abus.
Quand l’intime devient arme de destruction

Face à un public attentif et impliqué, l’assistante sociale a commencé par rappeler les grandes lignes des violences basées sur le genre, avant d’aborder le thème central de la séance.
« La cyberviolence désigne toute forme de violence, d’agression, de harcèlement, de menace, de chantage, de diffamation ou d’atteinte à la dignité exercée par l’usage des technologies numériques. En d’autres termes, il s’agit de nuire à une personne par le biais du téléphone, d’Internet ou des réseaux sociaux », a-t-elle fait savoir.
Pour aider les participants à reconnaître les différentes manifestations de ce phénomène, la facilitatrice a présenté de manière claire et structurée les principales formes de cyberviolence : cyberharcèlement, revenge porn, sextorsion, doxxing, deepfake, usurpation d’identité, stalking numérique et grooming. Elle a insisté sur les cas les plus répandus dans la société, en les illustrant par des exemples tirés du quotidien afin de rendre la présentation plus concrète.

« Le revenge porn peut se définir par la diffusion publique ou privée d’images, vidéos ou audios à caractère intime sans le consentement de la personne concernée. Majoritairement, il survient après le partage de contenus entre personnes ayant une relation sentimentale, soit par chantage après une rupture, piratage de téléphone ou encore vol de fichiers », a-t-elle expliqué.
Et de poursuivre : « Le grooming ou la prédation en ligne, c’est la manipulation progressive d’un mineur par un adulte à but sexuel en utilisant Internet ou les réseaux sociaux. Il commence par séduire sa cible avec des compliments ou des attentions, gagne sa confiance en se présentant comme un ami ou un confident, l’isole en lui demandant de garder le secret et de se couper de ses proches. Puis il exerce un chantage en utilisant des informations ou des images compromettantes pour maintenir son emprise, avant de passer à l’abus, qui peut se traduire par l’envoi forcé de contenus intimes ou même par une rencontre physique. »
Comment se protéger des violences numériques ?
À la suite des exposés, les jeunes ont souligné que la cyberviolence ne concerne pas uniquement les femmes et les jeunes filles : les hommes en sont également victimes. Toutefois, le problème majeur reste la politique du silence qu’ils adoptent face à ces situations, préférant taire leur souffrance plutôt que de la partager ou de chercher de l’aide.
Face à cela, Mme François a insisté sur des gestes simples visant à se protéger : ne jamais partager de contenus intimes identifiables, activer la double authentification, refuser les demandes d’amis inconnus, ne jamais envoyer d’argent en ligne et toujours demander conseil à un adulte avant de s’engager dans une relation virtuelle.
La cyberviolence et les cicatrices invisibles

« Les violences numériques laissent des traces profondes, souvent invisibles, mais dévastatrices chez les victimes. Elles impactent leur santé mentale, provoquant des troubles psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, une baisse de l’estime de soi, l’isolement total, pour ne citer que ceux-là . Aussi des troubles du sommeil », a expliqué M. Doly.
Selon lui, la victime peut développer une irritabilité permanente, des explosions de colère, de la violence envers les autres, des conduites à risque, une baisse de concentration et une chute des performances. Elle peut aussi sombrer dans la dépendance à l’alcool, à la drogue ou dans des relations sexuelles dangereuses.
Les jeunes en première ligne
En fin de journée, des travaux de groupe ont été au cœur de cette formation. Scindés en quatre groupes, les participants ont réfléchi sur des stratégies de lutte contre la cyberviolence. Certains ont proposé la création d’un slogan de campagne ou d’un guide rapide pour se protéger en ligne. D’autres ont travaillé sur une présentation scénique pour sensibiliser la population ou sur l’analyse critique d’une publication dangereuse.
À travers cette initiative, ODELPA ne se contente pas de sensibiliser : elle place les jeunes au centre de la riposte contre la cyberviolence. En les outillant pour reconnaître, dénoncer et prévenir ces abus. Elle souhaite bâtir une génération plus consciente, plus résiliente et capable de défendre une culture numérique saine et respectueuse.
Esperancia JEAN NOEL











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