Violence en Haïti, un fléau qui se normalise

Naama Jose Joseph Jean, 33 ans, mère de deux enfants. Mariée depuis huit ans, séparée de son époux, elle est l'exemple incarnée de résilience et de force. Après avoir surmonté diverses difficultés, l'originaire de Port-au-Prince ne manque pas de courage pour garder le cap vers ses objectifs. Diplômée en hôtellerie et tourisme, Naama travaille souvent dans des hôtels, des restaurants ou des clubs. Par moment, elle doit terminer
très tard son travail.
Alors que l'insécurité prend un peu plus d'espace avec le temps, Naama, comme beaucoup d'autres femmes en Haïti, a été victime de ce phénomène qui menace la vie dans nos villes. Parmi les différents types de violences, elle en a connu plusieurs : autant dans les rues de la capitale que dans son foyer censé être son havre de paix.
" Je me souviens, en rentrant de mon travail, au carrefour de Delmas 60, deux hommes armés à moto m'ont agressé. Il était 11 heures du soir, je devais coûte que coûte aller à Delmas 18 où se trouve ma résidence. Les rues étaient vidées et vu l'heure je ne pouvais compter sur un ''tap tap'' pour descendre. J'ai donc pris la route mais avec une peur bleue et je réfléchissais à plein de choses ", se souvient-elle.
Anna venait de recevoir son salaire et l'argent de son loyer. Quand elle entendit une moto se rapprocher, elle avait une boule au ventre, confia-t-elle. Finalement la moto s'était arrêtée.

“ Deux hommes sont arrivés et m'ont demandé de leur donner tout ce que j'ai. Je n'ai pas obéi. Ils ont descendu la moto pour ensuite me tabasser et partir avec tout ce que j'avais. Inutile de vous dire comment j'ai vécu ce moment de ma vie. Perdre mon salaire, l'argent de mon loyer, mon téléphone et mes documents ont été suivis de lourds fardeaux ", raconte la jeune dame.
Pour se remettre de ces agressions, Naama a dû s'appuyer sur la médecine traditionnelle pour se refaire. Entre douleurs physiques, chocs émotionnels et les soucis sociaux, Naama s'est résolue d'avancer. Elle explique comment elle a fait pour joindre les deux bouts au cœur de tout ce chaos : " J'ai dû quitter le travail après ce malheureux incident. Pour le moment, je fais du commerce. Je vends des boissons gazeuses, je prépare du beurre d'arachide, je vends des sandales, des vêtements neufs etc... Ce n'est pas facile avec mes deux enfants, car je suis seule à pourvoir à leurs besoins ", raconte
c e t t e f e m m e c o u r a g e u s e .

Naama était de ceux qui ont pris part à la formation offerte par l'Organisation de développement et de lutte contre la pauvreté (ODELPA). " Cette formation, m'a aidé à comprendre beaucoup de choses. Ce fut aussi une piqure de rappel sur celles que je négligeais. J'ai appris à gérer mon entreprise de manière différente ; à maitriser mes émotions etc.. La chose la plus importante que j'ai apprise c'est autour de la violence. Mon mari avait la mauvaise habitude de porter la main sur moi et c'est à l'ODELPAque j'ai découvert que c'est anormal. "
Les problèmes de Naama ne se sont pas envolés mais elle sait à présent comment mieux s'y prendre. Cette jeune dame qui rêve d'ouvrir un grand restaurant avec un
magasin peine par manque de ressources économiques. Toutefois, elle continue de
bien mener ses affaires dans l'espoir d'y parvenir un jour.
Jobenson Andou
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