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Séance de formation en faveur des membres d’organisation de la société civile.


Dans le cadre du projet CARICOM-PANCAP, le jeudi 16 mai 2024, en son local à Pétion-Ville, Housing Works a réalisé une séance de formation au profit d’une quinzaine de membres d’organisation de la société civile. Patronnée par le Centre d’orientation et d’investigation (COIN), cette journée avait pour objectif d’améliorer les compétences des associations en matière de plaidoyer. Un maillon clé de la chaîne de réduction des cas de contamination liés au VIH selon les objectifs de développement durable ODD, d'ici 2030.


10 heures tapante, la formation s'est lancée. À la genèse, les séances de présentation d'usage, les règles du jeu ont fait office de préliminaires sous l’égide de Thara Layna M. SAINT HILAIRE. « Quand vous entendez plaidoyer, quel est le premier mot qui vous vient en tête ? » a- t-elle demandée afin d'introduire le premier débat de la journée. À tour de rôle les participants ont donné leurs impressions : Plaider, stratégies, assistance, aide, personne, sont entre autres les différentes réponses proposées. Si pour chacun ce mot avait un sens particulier, la Coordonnatrice Générale de Gran Jipon, en a fait le point. « Le plaidoyer est une fonction essentielle au sein de la communauté. Il est incontournable pour agir sur des problématiques de la vie de tous les jours » a-t-elle déclarée. Que ce soit pour un problème insuffisamment pris en compte ou des actions priorisées qui ne sont pas les bonnes, les motifs qui conduisent à une stratégie de plaidoyer sont multiples. Il peut prendre aussi des formes très variées et est d'autant plus efficace qu'il se traduit par des stratégies combinées en fonction des publics visés, des sphères d'influence qui ont chacune leurs spécificités.


Quel sont les techniques de plaidoyer efficaces ? Quelles stratégies utilisées ?


Tout au long de cette séance de formation, Jean Michael MEME a apporté les réponses adéquates. En amont, l'étape préalable du plaidoyer se porte sur le fait de se former, s'outiller et se documenter sur les démarches à entreprendre. Comme tout projet, MEME a pertinemment montré combien il s'inscrit dans un cycle de planification « SMART » Spécifique, Mesurable, Accessible, Réalisable et temporellement définie.


Quelles méthodes suivre ?


Pour mener un plaidoyer selon les normes, a présenté MEME, il faut premièrement identifier les problèmes et ses déterminants, les éléments à « plaider » en s'appuyant sur des faits, des données avérées ou probantes au sein du groupe cible. Deuxièmement, analyser l'environnement social et politique afin d’identifier les cibles pertinentes, les échelles du plaidoyer (local, national…), les pouvoirs et les influences. Définir des objectifs et les changements attendus constituent la troisième étape. Quatrièmement, trouver des alliés, créer des coalitions et définir l'argumentaire, le message en fonction de chaque cible. Cette étape implique également l’identification au préalable de la forme (pétition, tribune, communiqué de presse, manifestation…) et de l'agenda. Cela nécessite de formuler clairement le changement souhaité et le délai en rapport avec les objectifs fixés. Enfin, il faut identifier les opportunités. Suivre et évaluer les actions de plaidoyer dans le temps.


Les participants étaient attentifs à ces deux présentations successives. MEME a associé à ses propos avec une méthode d’apprentissage hors du commun en faisant répéter chaque terme clé à travers des jeux.


Un exemple de plaidoyer en Haïti


À 13 heures, la fatigue guette, plus déterminée que jamais Thara remotive son public à travers un modèle de plaidoyer réussi en Haïti.

Depuis des lustres, les femmes entreprennent plusieurs combats afin de faire valoir leur droit au sein de la société Haïtienne. Les efforts consentis ont mené à plusieurs changements. Au regard de la loi, la violence sur la femme dans le temps pesait moins lourd qu’une feuille. Un constat qui a suscité divers plaidoyers. « Diverses thèses servaient de référence pour mener cette lutte, mais la Convention de Belém do Pará, ratifiée par l’État haïtien le 2 juin 1997 reste et demeure une arme tranchante » a-t-elle ajoutée.


Etant l’instrument ayant recueilli le plus grand nombre de ratifications dans le Système interaméricain, l’adoption de cette Convention reflète une préoccupation uniforme à travers le Continent américain au sujet de la discrimination à l’égard des femmes. Elle fait le lien entre la discrimination et la violence faite aux femmes et de la nécessité d’adopter des stratégies intégrées conçues pour prévenir, sanctionner et éliminer ces deux problèmes alarmants. « Malgré cette convention, il y eut toujours des difficultés pour sanctionner les bourreaux. L’Etat Haïtien ne s’était pas vraiment positionné sur ce point. Ce qui a nécessité de nouvelles formes de plaidoyers. Beaucoup de femmes ont investi les rues de Port-au-Prince au quotidien au cours de l’année 2005 dans l’objectif d’éveiller la conscience des dirigeants du pays, les hommes de lois en particulier », a continué la féministe.


Quelques mois plus tard, il y eut l’adoption et l’application du décret de juillet 2005 modifiant les prescriptions existantes sur la violence sexuelle dans le Code Pénal Haïtien. Elles établissent maintenant des peines plus sévères pour les cas de viol.


Que disent ces lois ?


Auparavant, elles prévoyaient une peine de réclusion, alors que le décret de 2005 établit une peine de travaux forcés, de 10 ans, maximum. Il peut être plus sévère selon les circonstances aggravantes. Dans le cas de mineures, la peine minimale est de 15 ans.


En septembre 2006, le Ministère à la Condition féminine et aux droits des femmes a soumis trois projets de loi au Parlement. Le premier, prenait en compte la paternité afin d’assurer une responsabilité plus effective des pères envers leurs enfants. Le deuxième misait sur les unions de fait garantissant les mêmes droits qu’aux couples mariés et les travailleurs spéciaux. Et le troisième, était axé sur la violence faite aux femmes et sur l’égalité hommes-femmes. Elles ont été amendées et ratifiées par le Sénat de République.


« Le processus de plaidoyer n'a pas de durée, il dépend des efforts consentis. Ces femmes sont parties d'un constat et ont réussi à atteindre le but. Quoiqu’il reste beaucoup de travail à faire pour bannir la violence dans cette société où les machistes s'installent en maitres. Ce modèle de plaidoyer réussi peut vous aider à vous armer de force afin de défendre les droits des PVVIH et des populations clés en Haïti » a-t-elle conclue.


Telle une graine enracinée dans une bonne terre, ces propos motivants de Thara n’ont pas laissé les participants indifférents. 14 heures passées de 30 minutes, une séance de photo dans une ambiance agréable et conviviale sert de dernière note pour clôturer cette séance de formation.



Marc-Kerle Fontal

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Qui sommes-nous?

L'Observatoire communautaire sur les services VIH en Haïti (OCSEVIH), créé le 10 décembre 2020, est un projet financé par le PEPFAR et le Fond Mondial. Il est mis en œuvre suivant une approche basée sur le Community Led Monitoring (CLM) en anglais ou la Surveillance dirigée par la communauté (SDC) en français.

En effet, à travers la SDC, l’OCSEVIH se concentre sur la collecte de données quantitatives et qualitatives par le biais de diverses méthodes qui révèlent les idées des communautés sur les problèmes de qualité des services de santé aux niveaux de l'établissement, de la communauté, sous-national et national.

En termes d’objectif, l’OCSEVIH vise à donner aux communautés les moyens de surveiller la qualité de la prestation de services liés au VIH/sida et de résoudre les problèmes identifiés. Avec la SDC, l’OCSEVIH dispose d’une stratégie indispensable pour améliorer la riposte au VIH/SIDA en Haïti et permettre à toutes les personnes vivant avec le VIH de vivre une vie saine et digne.

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